Le roman Metropolis, à l’origine du chef-d’oeuvre de Fritz Lang, traduit en français pour la première fois par Jean-Claude Heudin
Jean-Claude Heudin, directeur de l’IIM Léonard de Vinci est passionné de robotique, d’intelligence artificielle et de personnages virtuels. Fasciné par le film de Fritz Lang, c’est donc tout naturellement qu’il s’est attelé à la traduction – inédite jusque là – en français du roman Metropolis, écrit par Théa Von Harbou, épouse du cinéaste.
Sorti en 1927, Metropolis de Fritz Lang est le seul film enregistré par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’Humanité. La ville-machine de Metropolis où règne Joh Fredersen a divisé l’humanité en deux castes : l’élite qui vit au sommet de gigantesques gratte-ciels alors que les ouvriers s’entassent dans la ville souterraine. Mais Freder, le fils du Maître de Metropolis, s’éprend de Maria qui prêche la tolérance aux gens d’en bas. Alors qu’il décide de la rejoindre, son père envoie le robot qui va déclencher l’apocalypse…
Théa von Harbou, la sulfureuse épouse de Fritz Lang, auteur du livre et du scenario Metropolis
La personnalité polémique de Théa von Harbou est sans doute à l’origine du fait que la traduction française du roman n’avait jamais été entreprise jusque là. Née en Bavière à la fin du 19e siècle, elle commença très tôt à écrire et devint rapidement un auteur incontournable de la littérature populaire de la République de Weimar. Elle épousa Fritz Lang en 1922 et c’est elle qui écrivit les scenarii de ses plus grands films (M le maudit, Docteur Mabeuse le joueur…). Après la rupture du couple en 1933, ses tendances nazies ont eu raison de sa réputation.
Le film de Fritz Lang lui-même a pu faire l’objet d’interprétation par les nazis.
Lors d’une rencontre avec Goebboels en 1933, le ministre de la propagande aurait déclaré « Le Führer a vu Métropolis et a décidé : voilà l’homme qui nous donnera le cinéma nazi ».
Fritz Lang quitte l’Allemagne tout de suite après.
Métropolis ou le 1er robot du cinéma
En plein mouvement expressionniste allemand, difficile de ne pas trouver des influences dans le roman, et en particulier dans le robot Futura. Ce robot s’inscrit parfaitement dans la lignée des automates ou des créations perfides du romantisme européen du 19e siècle : l’Homme au sable de Hoffmann, Frankenstein de Mary Shelly, et plus particulièrement RUR-Les Robots Universels de Rossum de l’écrivain tchèque Karel Kapek.
Si Théa von Harbou n’emploie à aucun moment le terme de « robot », il n’en reste pas moins que son personnage est à l’origine de la construction de la mythologie moderne du robot. Georges Lucas lui-même a demandé que C3P-O de Star-Wars soit la version masculine de Futura.
Métropolis : la révolte des machines
Le roman revisite le mythe prométhéen (tout comme le Frankenstein de Mary Shelley) de la création scientifique qui, en quête d’une humanité qu’elle n’aura jamais, se retourne contre son créateur. Ce scenario est d’ailleurs à l’origine de tous les scenarii des plus gros blockbusters américains (Matrix, Terminator, I-Robot…).
“@citedessciences: [10 vidéos] Les #robots nous servent… jusqu'à nous supplanter !? #IA http://t.co/VIfobwAe9W pic.twitter.com/wchQWb62NH”
— Jean-Claude Heudin (@jcheudin) July 17, 2015
Le roman aborde de manière plus directe que le film la dimension sexuelle de Futura. Le côté obscur et maléfique de la créature est plus apparent dans le livre et son emprise démoniaque sur le héros est plus apparente.
Outre le robot Futura, le récit comprend de nombreuses idées développées ensuite dans la littérature de science-fiction, élémentrs qui ont été supprimé du scénario final ou bien simplement esquissés. Le retour au roman original apporte un regard nouveau sur l’un des films les plus importants dans l’histoire du cinéma et de la science-fiction.
Informations mises à jour le 03 Déc 2015