Benjamin, promo 2013, co-fondateur de l’application d’e-santé Feelae
Ancien de l’IIM, Benjamin Bouzerau Levy est aujourd’hui le co-fondateur de Feelae, une plateforme d’e-santé.
Après un Bachelor chef de projet Multimédia au sein de l’IIM en 2013, Benjamin a travaillé dans des agences de publicité, en tant que chef de projet et producteur digital. Depuis plus d’un an, il s’est lancé dans l’aventure start-up et a co-fondé Feelae avec Alban de Crémiers. Ces deux entrepreneurs ont lancé Feelae, une application de e-santé qui permet aux utilisateurs de se connecter en cinq minutes avec un médecin généraliste. Un mois après son lancement le 16 août 2016, Feelae enregistre déjà plus d’un millier de téléchargements.
Benjamin revient sur la création de cette application, son parcours et ce que lui a apporté ses années d’études à l’IIM.
Une envie d’entreprendre dès les études
Avec Alban, le co-fondateur de Feelae, on s’est rencontré au Pôle Léonard de Vinci pendant nos études. Déjà, l’idée d’entreprendre commençait à germer. Quatre ans plus tard, on s’est retrouvé et on en a de nouveau discuté. Au tout début, on était parti sur une autre idée, mais elle n’avait pas forcement d’avenir en terme de business model.
On avait surtout envie d’entreprendre et de créer une application pour résoudre un problème de société.
Ce qui était important pour nous c’était de créer quelque chose qui aurait un fort impact social, qui ne soit pas juste un réseau social, ou un autre jeu sans intérêt. On voulait avoir un vrai challenge à relever, et surtout utiliser le digital pour transformer un secteur.
Transformer un secteur par le digital
On s’est alors rendu compte que le secteur de la santé n’avait pas beaucoup évolué depuis quelques années. Les nouvelles technologies sont utilisées par les professionnels, mais pas pour les patients. En fait, on avait cette vision dans 5 ans : tu es dans ton canapé, malade, et simplement avec ton iPad et un kit médical avec des objets connectés, tu pourrais te connecter avec un médecin. Il pourrait alors te dire précisément ce que tu as. Une consultation sans avoir besoin de bouger de chez soi. C’est apparu de façon assez évidente.
On a donc commencé un travail de recherche pour étudier la réglementation et découvrir le domaine. On a fait un Tour de France pour rencontrer un maximum de médecin. Aujourd’hui, on a deux médecins qui sont associés avec nous. On a mis un an et demi en recherche et développement. Il fallait concevoir l’application, techniquement parlant, mais aussi monter un projet médical. On devait identifier toutes les pathologies qu’on peut résoudre, être sûr de l’impact que ça peut avoir, du bon moment et si tout était légal. Depuis le 16 août, on a lancé la première version de l’application officiellement.
La télémédecine, un secteur nouveau
L’application a été téléchargée par environ 1000 personnes. Ça ne veut pas dire qu’il y a eu un millier de malades. On a eu une centaine d’appels de personnes qui étaient malades ou qui avaient besoin de conseils. Ce qui est intéressant à savoir aussi, c’est que sur toutes les personnes qui vont appeler, on ne peut pas prendre tout le monde en charge. La télémédecine, c’est un secteur nouveau, donc ce n’est pas encore évident de savoir ce qu’on peut prendre en charge à distance ou non. On a eu un peu peur de ça. Mais 82% des personnes qui appellent sont prise en charge aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il n’y a pas besoin pour eux d’aller voir un médecin après l’utilisation de l’application, on a répondu à leur question. Parfois la question ça peut être « j’ai mal à la cuisse, quelle spécialiste je dois aller voir ? ». Il a beaucoup de gens qui viennent avec plein de questions et l’application peut leur donner des réponses.
Sur la plateforme, on a actuellement plus d’une trentaine de médecins qui sont actifs. Plusieurs médecins nous contactent tous les jours parce que ça les intéressent beaucoup. Il y a beaucoup de réticence sur l’application, mais qui vient plus de certains patients qui sont persuadés que pour faire une consultation médicale, il faut toucher le patient. Mais en fait, la plupart des médecins disent que 80% des visites qui sont en cabinet médicale pourraient être faites à distance parce que l’interrogatoire suffit à savoir ce que le patient a.
Répondre de manière fiable et immédiate
On s’est rendu compte que beaucoup de personnes ne savait pas quand et pourquoi aller chez le médecin. Il y a plein de moments où on ne sait pas trop ce que l’on doit faire, donc soit on laisse trainer, soit on va voir un pharmacien ou on va sur internet. Feelae ne remplace pas la médecine générale qui existe aujourd’hui, elle se place en amont du système de soin afin de le réguler.
L’objectif de nos médecins, c’est de pouvoir répondre de manière fiable et immédiate. C’est ça la clé de l’application.
Aujourd’hui, c’est possible d’avoir des réponses fiables, mais ça prend du temps, ou alors il faut aller aux urgences. Et c’est aussi possible d’avoir des réponses immédiates, mais ce n’est pas fiable. Avec Feelae, en cinq minutes et quelques clics, un médecin généraliste répond.
Des perspectives d’évolution
Aujourd’hui, on fait seulement du conseil médical. Le patient appelle et le médecin lui indique ce qu’il faut faire. D’ici le 1er janvier 2018, on va développer un système d’ordonnance électronique pour pouvoir faire de la téléconsultation. On va pouvoir faire un vrai diagnostic et être encore plus dans la prise en charge. Il sera possible de recevoir l’ordonnance sur son téléphone, de l’imprimer et d’aller en pharmacie avec. Ensuite, à très long terme, on voudrait développer un kit médical avec des objets connectés. On veut aussi ouvrir aux spécialistes. On voudrait également faire de la livraison de médicament, mais légalement, c’est encore compliqué. Notre but, c’est d’arriver à notre vision de base d’ici 5 ans.
https://youtu.be/H2gkVlvMz7s
Devenir polyvalent grâce à l’IIM
L’avantage avec l’IIM, c’est qu’elle permet d’être polyvalent. C’est-à-dire de voir un peu tous les corps de métier, d’avoir des connaissances techniques, marketings, graphiques… D’être capable de maîtriser plusieurs corps de métier, pas juste d’être chef d’orchestre. C’est à dire devenir connaisseur, voire même expert, de plusieurs domaines pour pouvoir trouver les solutions sur chaque étape de processus du développement de l’application. Chez Fred&Farid, j’étais producteur digital, ça correspondait à ce que j’ai appris à l’IIM. Je n’étais pas seulement chef de projet, j’étais vraiment dans la conception, dans la recherche, pour trouver des idées, des solutions. En tant que chef de projet, on a plus tendance à demander l’avis de chacun pour avoir des solutions. Il fallait avoir un avis, savoir ce dont a besoin, et diriger l’opération. Là, sur toute la partie conception, tout ce qui a été UX, j’ai demandé l’avis à des gens après.
A l’IIM, j’ai appris à me débrouiller et à chercher par moi-même. L’IIM m’a appris à être autonome.
Au cœur de l’univers digital avec l’IIM
J’ai fait de l’informatique parce que j’aime beaucoup les nouvelles technologies et l’informatique. Sauf que quand j’étais à l’EFREI, c’était vraiment que ça. C’était très intéressant, mais ça manquait un peu d’ouverture d’esprit. Et en fait, ce que je voulais faire c’était plus communiquer avec les nouvelles technologies. L’IIM, c’était parfait parce que ça me permettait d’être dans un univers digital, mais dans la pub. La pub, c’est un domaine que je voulais faire depuis tout petit. Et puis au lycée, on te dit que c’est une filière « garage » et que personne n’en fait. Du coup, je me suis demandé ce que j’allais faire, et je suis parti dans l’informatique, c’était vu comme plus sérieux. Mais en fait je voulais faire de la pub.
J’ai réussi à concilier les deux domaines que j’aime beaucoup : la publicité et les nouvelles technologies. C’est pour ça que je suis venu à l’IIM.
Un conseil pour les futurs diplômés de l’IIM
Dans l’univers start-up, le plus important, c’est de bien s’entourer et de ne pas perdre de temps à faire trop de recherches. Le mieux, c’est de s’expertiser au maximum et d’arriver à faire des choses par soi-même pour pouvoir tester son produit le plus tôt possible. Si j’avais pu changer quelque chose, je me serais vraiment expertisé en informatique pour pouvoir faire des prototypes beaucoup plus poussés que ce que je fais maintenant, pour pouvoir me débrouiller et avancer plus vite.
Au final, le temps en start-up est hyper court, d’une semaine à l’autre, on ne sait pas ce qu’il va se passer.
L’idéal, c’est ce qu’ils font aux Etats-Unis, ils ont une idée et en une semaine, ils trouvent un moyen de le prototyper. Ensuite, ils l’essayent, ça marche ou ça ne marche pas. Ça ne sert à rien aujourd’hui de faire des études de marché. Et puis en entreprise, le plus important c’est d’être passionné par ce qu’on veut faire.
Informations mises à jour le 30 Juil 2021