Jean, diplômé du MBA Video Game Management, spécialisé en e-sport
Jean Duprey, diplômé en 2015 du MBA Video Game Management, chargé de développement commercial chez l’association Multigaming Family, pour la marque E2G Event To Give, est spécialisé dans un domaine qui fait débat aujourd’hui sur la scène française : l’e-sport.
Dans un article paru dans le magazine Challenges en début d’année, la question est posée par le gouvernement concernant l’encadrement du e-sport. Relevant à la fois du sport et du jeu vidéo, l’e-sport peut en effet se révéler être une source financière non négligeable qui a besoin d’être encadrée. Rencontre avec Jean dont le métier touche au cœur de cette activité.
Intégration au MBA Vidéo Game Management pour une insertion professionnelle rapide
J’ai d’abord suivi une formation en école de commerce à l’ESSEC. Je me suis spécialisé ensuite dans le management des métiers du jeu vidéo à l’IIM avec le MBA Video Game Management. J’ai effectué mon stage de fin d’études directement chez E2G, Event To Give en tant que chargé de développement commercial.
Étant le seul salarié travaillant pour E2G, sur un marché encore adolescent (celui de l’événement du Jeux Vidéo et d’eSport), s’appuyant énormément sur la force du tissu associatif français, je dois me muter en vrai chef d’entreprise pour construire l’avenir d’E2G. Donc pas seulement le développement commercial, mais aussi le marketing, la communication, la compta, la bonne gestion des ressources humaines (qui dit bénévolat dit une autre forme de management) etc…
La bonne mise en place et gestion de tous ces éléments me permettent d’aborder sereinement la face visible de l’iceberg : l’organisation d’événement de salons et compétitions de Jeux vidéo. J’ai à ce jour organisé pour E2G plus d’une trentaine d’événements salons et compétitions, rassemblant en moyenne 100 à 200 personnes et pour certains événements majeurs comme la Cap’Arena 5 de Décembre dernier plus 1 700 personnes.
J’ai trouvé ce poste grâce à mon investissement dans le milieu associatif. En effet en parallèle de ma reprise d’étude au MBA Video Game Management, j’ai fait le choix d’intégrer d’abord remake-esports ou j’ai rencontré Franck Fontaine Directeur Général d’E2G, puis la Fédération Française de Jeux Vidéo (FFJV). De fil en aiguille nous avons travaillé ensemble avec Franck, puis nous avons décidé de concrétiser ce travail par mon stage en Mars 2015.
Qu’est-ce que l’e-sport ?
L’eSport c’est l’acronyme d’Electronic Sport. Il désigne en premier lieu les compétitions, amatrice et/ou professionnelles, dotées ou non, sur un jeu vidéo. L’eSport peut être, selon le jeu, du 1 contre 1 comme le tennis, ou équipe contre équipe comme au Football. Un jeu vidéo n’est pas forcément un jeu eSport. Il faut plusieurs éléments dont les suivants : des formats de parties entre 20 et 40 minutes ; des fonctionnalités de retransmissions des parties, une facilité de compréhension par une audience qui ne connait pas forcément le jeu (même si vous ne connaissez rien au foot, vous savez lorsqu’il y a un but, les conséquences, …); un skill Cap (un joueur, aussi bon soit-il, ne pourra pas tout le temps gagner) et enfin un skill Gap (un joueur, à force d’entrainement deviendra meilleur que la plupart des joueurs).
L’eSport en lui-même n’est pas jeune : on assistait déjà à des compétitions d’arcade StreetFighter en 1982. Des fans du jeu allaient assister à ses compétitions. D’abord réservé aux « geeks », très souvent associé à un divertissement masculin et jeune, l’eSport s’est aujourd’hui démocratisé et n’a plus d’âge ni de sexe.
L’eSport se pratique et/ou se consomme. Vous pouvez être joueur ou simplement fan, spectateur, consommateur d’eSport. Deux licences ont marqué l’avènement de l’eSport fin 90 jusqu’à 2004-2005 Counter-Strike et Starcraft. Elles sont le parfait exemple des conditions d’un jeu eSport citées ci-dessus.
Aujourd’hui plusieurs licences sur différents types de jeux portent l’eSport : MOBA : League of Legends, DOTA 2, FPS: Counter-Strike Global Offensive, Call of Duty et enfin RTS : Starcraft 2.
L’e-Sport, une industrie hybride entre le sport et le digital
En France, c’est encore le flou total même si les dernières discussions portées par Axelle Lemaire et le projet de loi République Numérique laissent entrevoir des possibilités. En France, l’eSport n’existe pas pour les pouvoirs publics. Ce n’est que du jeu vidéo, donc un bien culturel, donc rattacher au Ministère de la Culture.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’eSport s’est démocratisé grâce au développement d’internet. Qui lui-même a posé beaucoup de questions encore sans réponse (neutralité du net, etc…). Donc on aurait tendance à rapprocher l’eSport de la sphère internet. Mais à côté de cela, le marché de l’eSport ressemble comme 2 gouttes d’eau à celui du sport : sponsorship & publicités, site de paris en ligne et maintenant directement auprès de bookmaker dans certains pays, récompenses nationales et internationales, tournois amateurs, merchandising (maillots, etc), ventes de tickets pour assister aux compétitions, retransmissions des compétitions.
Je pense que l’eSport est une industrie nouvelle et à part entière, justement à cheval entre celle du net et du sport.
Une démocratisation nécessaire ?
On peut estimer le marché mondial de l’eSport entre 700 et 800 millions de dollars. On prévoit qu’il atteindra 2 milliards de dollars en 2018. L’Europe pèse aujourd’hui 80 millions de dollars sur ce marché, dont près d’un quart sont portés par la France (estimation).
La France, bien qu’elle soit un fort pays d’eSport au niveau de ses joueurs et équipes, pèse bien petit et souffre véritablement du manque d’encadrement juridique.
Comme dit précédemment, l’eSport n’est aujourd’hui pas reconnu par nos Pouvoirs Publics et de facto ne dispose pas d’un cadre juridique qui permettrait à ses acteurs de construire sur des bases sûres. Il est compliqué pour une entreprise ou une association d’encadrer légalement ses joueurs. Démocratiser le spectacle et la passion de l’eSport dans ces conditions devient forcément plus difficile. D’autant plus que le secteur du jeu video en générale et donc l’eSport, en France, souffre encore trop de préjugés déplacés.
Néanmoins, des actions comme le projet de Loi République Numérique témoignent d’une volonté de l’État de poser des bases pour l’eSport en France. D’autres combats devront alors être menés : qui dirigera l’eSport en France ? Une fédération ? Un Syndicat ? Une Entreprises ? Le reste viendra avec un bon marketing, une bonne communication et un relais efficace dans les presses spécialisées, chaines TV…